Le carbone, responsable principal de l’effet de serre anthropique (généré par l’activité humaine) est imperceptible, ce qui rend la dangerosité de son impact sur notre écosystème difficile à ressentir. C’est dans ce contexte, qu’ont été développées les méthodes de calcul (ou plutôt d’estimation) des émissions de carbone et des autres gaz à effet de serre (GES), afin de pouvoir prendre des mesures concrètes de réduction. Ces différentes méthodes de calcul sont regroupées sous le terme de comptabilité carbone.

Qu’est-ce que la comptabilité carbone ?
La comptabilité carbone est une forme de comptabilité extra-financière, qui désigne l’ensemble des méthodes permettant d’établir un inventaire des émissions de gaz à effet de serre anthropiques d’une entité donnée (par exemple un pays ou une entreprise) pour une période donnée, ou pour un produit tout au long de son cycle de vie.
La méthode de « l’empreinte carbone » est généralement entreprise de manière volontaire par les entreprises afin de sensibiliser aux enjeux environnementaux, identifier les points d’amélioration et cultiver leur image de marque. Cependant, de plus en plus d’États imposent aux grandes organisations et aux collectivités publiques la publication d’un bilan carbone. En Suisse, les grandes entreprises ont l’obligation de fournir un rapport extra-financier, récapitulant les implications sociales et écologiques de leurs activités, en revanche le bilan carbone ne fait pas encore l’objet d’une loi. Contrairement à d’autres approches limitées aux émissions directes, l’empreinte carbone prend également en compte les émissions indirectes.
Comment les émissions de gaz à effet de serre des entreprises sont-elles calculées ?
Calculer de manière fiable les émissions de GES est loin d’être une tâche aisée. Pour que la comptabilité carbone retranscrive au mieux la réalité, il est nécessaire de suivre plusieurs principes généraux :
I. La pertinence : Les périmètres de comptabilisation doivent être strictement définis, et ce de manière adéquate.
II. L’exhaustivité : Dans l’idéal, il faut prendre en compte la totalité des émissions. Dans les faits, certaines données sont difficiles à récolter. Dans ce cas de figure, il faut clairement mentionner les limites.
III. La cohérence : Afin de pouvoir comparer les données d’une année à l’autre, il faut toujours avoir recours à la même méthodologie. Un changement de méthode de calcul doit être spécifié.
IV. La transparence : Transmettre de manière objective et compréhensible ses performances en termes d’émissions carbone.
V. L’exactitude : Avoir recours à un système fiable et reconnu de comptabilisation, ainsi qu’à des contrôles internes et externes réguliers, permet d’augmenter l’exactitude des données.
Les modalités de comptabilité des émissions de gaz à effet de serre sont définies par trois principaux référentiels : Le GHG Protocol, la méthodologie Bilan Carbone, et les normes ISO 14064 et 14096.
Greenhouse Gas Protocol (GHG Protocol)
Mis au point à la fin des années 90, le GHG Protocol est un standard international fournissant des outils et un cadre de gestion et d’analyse des émissions de GES. Ce protocole est destiné aussi bien aux gouvernements qu’aux entreprises. Le GHG Protocol propose de décomposer en trois catégories – appelées scopes – les émissions :
- Le scope 1 fait référence aux émissions directes, par exemple celles causées par le chauffage au gaz des bâtiments ou par la combustion du carburant des véhicules de fonction.
- Le scope 2 englobe les émissions indirectes liées à l’énergie. Indirectes car la production d’énergie (principalement d’électricité) n’est pas produite sur le lieu de travail.
- Le scope 3 regroupe le reste des émissions indirectes : l’achat de marchandises et de services, les déchets produits, etc. Le scope 3 est très large et donc plus difficile à quantifier mais ne pas le prendre en compte invisibilise une grande partie de l’empreinte carbone d’une entreprise car il correspond en moyenne à 75% des émissions de GES.
La méthodologie Bilan Carbone©
La méthodologie Bilan Carbone© est un outil diagnostique développé en 2004 par l’Agence de l’environnement et de la maitrise de l’énergie (ADEME). Cette méthodologie intègre les trois scopes du GHG Protocol. C’est un outil qui permet à une entreprise de structurer sa démarche RSE et de réfléchir activement à des solutions pour réduire ses émissions de GES.
Les normes ISO 14064 et 14069
Les standards internationaux ISO 14064 et 14069 ont été créés afin d’intégrer la question de la comptabilisation carbone à l’ensemble des normes relatives à l’environnement. Elles donnent aux industries les informations nécessaires pour réduire leur impact environnemental et offrent la possibilité de vérifier et valider la conformité aux normes de leurs activités.
La comptabilité carbone permet de visibiliser, d’évaluer et donc d’agir sur les émissions de gaz à effet de serre d’une entreprise, d’une organisation ou d’un État. Dans ce contexte, il est important de développer et d’utiliser des outils fiables et reconnus de comptabilisation carbone afin de participer aux efforts de réduction des émissions anthropiques.
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